Que ce soit du Ventoux aux Monts de Vaucluse, en passant par le Luberon, le patrimoine de la pierre sèche traverse les paysages de Provence.
L’expression "pierre sèche" qualifie une pratique d’assemblage de pierres brutes sans utilisation de liant par simple empilement et calage des éléments entre eux.
Pour cultiver des versants aux pentes abruptes et instables, les hommes, depuis l’antiquité et sur tous les continents, les ont aménagés en de savants territoires agricoles en pente, structurés de murets de pierre sèche.
Ces structures ont façonné des paysages multiples et variés, permettant le développement de différents types d’habitats, d’agriculture et d’élevage.
« L'art de la construction en pierre sèche : savoir-faire et techniques » a été reconnu patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO, le 28 novembre 2018.
Les Monts de Vaucluse possèdent un patrimoine en pierre sèche remarquable au niveau culturel et écologique et répondant à plusieurs fonctions.
À la limite des communes de Lagnes et de Cabrières-d’Avignon, une « ligne » de pierres sèches parcours, sur 27 km du sud au nord, les Monts de Vaucluse: le «Mur de la peste» témoin de la grande peste de Marseille de 1720.
Dans un premier temps, le mur défend les populations du Comtat de l’épidémie venue d’Apt, puis il protège la Provence lorsque la peste est à Avignon.
C'est le 28 novembre 2018 que le XIIIe comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l'Unesco, rassemblé à Port Louis (république de Maurice) a validé la candidature transnationale de l'art de la construction en pierres sèches.
Cette candidature associait huit pays européens (Chypre, Croatie, Espagne, France, Grèce, Italie, Slovénie et Suisse). La mise en réseau s'est faite par le biais d'une association internationale (SPS) qui fête ses 20 ans d'existence. C'est du Vaucluse qu'est partie l'aventure avec l'appui de la Chambre des métiers et de l'artisanat grâce à deux boulangers convaincus de la valeur de ce patrimoine, qui ont mobilisé les artisans.
Partout, des associations comme "Pierres sèches en Vaucluse" faisaient un travail d'inventaire et de sauvegarde du patrimoine en pierres sèches local. Cependant la pierre sèche n'était enseignée qu'au travers de chantiers de bénévoles ou d'insertion.
Le métier avait disparu non seulement par absence d'écrit mais par dénigrement de la technique considérée comme technique des pauvres. Un long processus de reconnaissance et de professionnalisation du métier est engagé jusqu'à sa reconnaissance par le ministère de l'Écologie comme filière verte pour la construction.
Dans son discours, l'ambassadeur de France délégué permanent à l'Unesco, Laurent Stefanini, a mis l'accent sur la valeur écologique de cette technique intemporelle et ingénieuse à plus d'un titre. Économique puisqu'en circuit court, écologique car lutte contre l'érosion des sols, niche de la biodiversité, et cadre de vie identitaire. Il a tenu aussi à saluer la présence de Michelangelo Dragone, président et architecte de l'association scientifique internationale pour l'étude pluridisciplinaire de la pierre sèche, partie prenante dans le dossier reconnu ici.
Le Vaucluse a son association, "Pierre sèche en Vaucluse" dont le but est l'inventaire de ce patrimoine (bories, mur de la peste ou système d'eau). Des expositions sont organisées, des publications éditées et des chantiers de restauration en partenariat avec l'APARE permettent à des jeunes de toutes nationalités d'appréhender concrètement la technique de